FoxRH a interviewé Arnaud Collery, auteur de l'ouvrage – MISTER HAPPINESS : Un chief happiness officer vous livre ses secrets pour vous réinventer. Cet ouvrage mêle anecdotes savoureuses tirées de ses rencontres aux quatre coins du monde, et outils de développement personnel basés sur la psychologie positive. Arnaud nous fait le plaisir de répondre à quelques questions afin de découvrir plus amplement "Mister Happiness".
Pouvez-vous présenter et nous en dire un peu plus sur votre parcours de coach en bonheur ?
Je travaille principalement sur tout ce qui est relatif à la transformation humaine. J’ai commencé il y a 20 ans, j’avais une émission sur Canal+ et itélévision, une minute par jour qui s’appelait iBonjour, sur comment réveiller les français sur différentes thématiques : oser, les rêves, savoir dire oui à la vie, se créer une communauté, l’imagination, la créativité, le story telling…
J’ai monté plusieurs événement, notamment « l’ Happy Sunday » en 2012, « French Tuesday » en 2010, et depuis 5 ans c’est mon métier à temps plein d’être coach en bonheur pour les entreprises et de créer des soirées d’inspiration qui s’appellent « Stand Up for Passion ». J’en ai fait 25 à travers le monde, la dernière se déroulait aux Nations Unies le 11 décembre, avec l’agence des réfugiés UNHCR. C’est des story telling où les gens s’expriment pendant 7 minutes sur leur parcours de vie.
Il y a eu également « l’Happy Hacking Day » en 2013 à Lille, c’était un hackaton sur le bonheur qui avait réuni 200 ingénieurs qui ont travaillé sur le bonheur.
Aujourd’hui, je lance le « Startup Leadership Program », un programme d’accélération de startup à Bordeaux.
De quelle manière forme-t-on un CHO ?
Tout se concentre sur le bonheur personnel et professionnel.
Pour cela, je fais 4 choses : événement de story telling, coaching de bonheur en entreprise, speech et enfin de la formation de CHO, avec des masters classe de 3 à 4 jours. On y apprend le story telling, la gratitude, et la reconnaissance de l’autre, comment trouver les points forts de l’autre ? Comment les mettre en avant ?
En France, malheureusement on est champion pour mettre en avant les faiblesses de l’autre, alors que c’est tout le contraire qu’il faut. Grâce à cela, on peut créer des familles, des tribus où les gens se sentent soudés, écoutés, entendus et respectés.
Qu’est-ce que le métier de CHO ? Quelle est sa journée type ?
Avant tout, il faut comprendre que le CHO est métier de créatif et d’intrapreneur. C’est au sein de l’entreprise, qu’il faut qu’il expérimente. C’est pour cela que mon livre Mister Happiness, porte sur la réinvention, parce qu’elle fait partie intégrante du bonheur. Que ce soit au niveau personnel ou professionnel, il faut continuellement se réinventer. Le CHO, est le maitre de la créativité, le maitre de la réinvention et du développement personnel.
L’happiness management - ce que malheureusement on ne comprend pas en France - c’est comme un muscle, ça se travail ! Le CHO doit mettre en place différentes choses, différentes expérimentations, et si ça ne marche pas, il faut réessayer ! Il faut faire comprendre à la direction que c’est de la réitération permanente.
Il n’y a pas vraiment de journée type pour un CHO. Mais par exemple, pour un CHO interne un jour pourra être dédié au coaching, un autre, au team building (l’une des choses les plus importantes), avec un focus sur les valeurs de l’entreprise et ainsi se poser la question : est-ce que les valeurs inscrites sur le mur sont intégrées par les collaborateurs ? Est-ce que ces valeurs soudent les gens ?
On peut aussi faire des enquêtes anonymes : que pensez-vous réellement de votre patron ? On sait que 20 à 30% des employés sont susceptibles de quitter l’entreprise si la direction ne représente pas de belles valeurs humaines. J’ai malheureusement rencontré un certain nombre de patron.ne, qui n’accordent pas d’importance à l’humain. Cela n’est plus possible aujourd’hui.
Quelle est votre définition du bonheur ?
J’en parlais à nouveau hier dans un club d’entrepreneur, et j’aime bien leur rappeler avant qu’ils créent leur entreprise : vous avez une responsabilité, tirer le meilleur de vos futurs collaborateurs.
Il y a deux choses dans le bonheur : il faut se transformer en permanence pour devenir la meilleure version de soi-même, trouver ses propres talents, et accepter ses faiblesses, accepter qu’il y ait des choses que l’on ne comprendra jamais, accepter qu’on ait des limites.
Par exemple, pour le philosophe Alexandre Jollien, le bonheur c’est d’accepter la tragédie de l’existence. C’est très loin des paillettes dont on parle dans les journaux français malheureusement. Il faut vraiment aller dans le détail de ce qui importe, dans les valeurs, les mettre en avant. Il y a d’ailleurs un livre qui vient de sortir aux États-Unis : The One Thing, sur les choses qu’il faut mettre en avant continuellement, quelle est cette chose chaque jour qu’il faut que tu te rappelles ? C’est ça le bonheur.
Comment peut-on mesurer le bonheur ?
Le bien-être des salariés commence par deux choses : le respect et l’écoute de l’autre. Notamment pratiquer l’écoute active, écouter les gens. C’est 50% de mon boulot de coach. Si on écoute réellement les gens, c’est-à-dire leurs valeurs, leurs priorités, ce qui compte vraiment pour eux, alors on est à même de créer une vraie tribu, de souder les gens et de les amener vers une même vision commune. Telle est la responsabilité d’un manager de talent, un CHO.
Le titre va peut-être changer d’ici quelques années, mais ce qui est sûr c’est que la fonction, le besoin va rester. Peu importe le titre, on continuera à travailler sur la raison d’être, les valeurs, le story telling, le respect et l’écoute.
Que conseillerez-vous à une personne voulant devenir CHO ?
Les meilleurs parcours que j’ai pu voir, ce sont les personnes ayant fait du volontariat, qui ont mis les mains dans le cambouis pour la transformation humaine, qui ont aidé par exemple les réfugiés, les femmes à devenir leader, les minorités à se faire comprendre.
L’inclusion est aussi un autre remède, on pourrait dire directeur de l’inclusion à la place de CHO. Aux États-Unis, il y a beaucoup « d’Inclusion Officer », je crois qu’il n’y en a pas énormément en France, malheureusement la diversité n’est pas toujours bien vu. C’est ça l’inclusion, mettre en commun les différences qui finalement nous rapproche plus qu’autre chose.
Devenir CHO, c’est faire cela d’une manière ou d’une autre : aider les gens qui ont besoin de se révéler, qui ont besoin d’aller de l’avant, qui n’osent pas. Et ainsi, pouvoir développer les deux qualités principales qui sont l’écoute et la qualité de motivateur, afin de transformer sa façon de faire et sa façon de penser. On dit que la chose la plus importante dans les années à venir sera d’apprendre à apprendre, et malheureusement les gens ne le savent pas.
Je conseillerais donc les formations de coaching, de travailler dans une association pour aider les gens et aussi apprendre le monde du business. Le CHO est tampon entre le mangement et les employés, il doit aider les employés et comprendre ce qu’une entreprise doit faire. Et si la direction n’est pas déjà humaine à la base ça ne va pas marcher, il f
aut changer d’entreprise. Mais il y a assez de boîte qui en ont envie.
Un dernier mot pour conclure
A chaque fois qu’il y a un CHO quelque part c’est mieux pour l’employé, pour toute l’équipe, pour l’entreprise, et même si ça fait un peu américain, c’est mieux pour le reste du monde.