FoxRH a rencontré Aude Selly, auteur de l'ouvrage : "Renaissance : Il y a une vie après le burnout" aux éditions Maxima. Elle nous fait le plaisir de répondre à quelques questions pour comprendre comment les victimes de burnout peuvent retrouver une nouvelle vie, comme elle-même a pu le faire. Les chemins sont uniques, mais l’objectif à atteindre est le même pour toutes les victimes : retrouver un sens à sa vie professionnelle.
1. Vous avez écrit votre premier ouvrage témoignage « Quand le travail vous tue – Histoire d’un burnout et de sa guérison » publié en 2013 puis les étapes de la reconstruction après l’effondrement « Burn-out et après ? » publié en 2015. Vous revenez 4 ans après avec une suite : « Renaissance : Il y a une vie après le burnout ». Qu’est-ce qui vous a poussé à écrire cet ouvrage ?
Ce livre est le fruit de mes observations et d’échanges depuis mon témoignage.
J’ai constaté que toutes les victimes avec lesquelles j’ai été en contact, non reconstruites, se posaient une question qui leur font toutes peur : Comment revenir au travail après mon épuisement professionnel ?
Je suis passée par là et beaucoup m’ont demandé comment j’étais parvenue au métier que j’exerce actuellement, à savoir consultante spécialiste de l’épuisement professionnel. Je voulais partager les étapes et donner un exemple de réussite. Si cela a été possible pour moi, alors c’est possible pour d’autres.
Je voulais faire le point sur un sujet qui reste toujours d’actualité et prend même de plus en plus d’ampleur au regard des études récentes sur le stress au travail. C’est un sujet encore incompris voire tabou et les erreurs de jugement sont encore bien présents.
Il était nécessaire de clarifier le processus, qui sont les profils, aussi bien pour les victimes qui ne comprennent pas comment elles en sont arrivées là, surtout si elles ne sont pas accompagnées, que pour les DRH et le management.
La remise en question des organisations est loin d’être systématique, réellement et concrètement intégrée dans la culture dans toutes les entreprises. Elles sont, pourtant, toutes concernées.
2. Le métier de responsable RH était pour vous au départ LE métier idéal. Comment voyez-vous désormais cette fonction ?
Je vais préciser que le métier RH idéal et que j’exerçais au moment de mon effondrement était RRH Opérationnel. Pourquoi ? Parce que la clef de la prévention en entreprise est la proximité. Au-delà d’avoir cumulé bien trop de facteurs de risques d’épuisement, j’étais en 1ère ligne, en contact direct avec les salariés et les managers. Je voyais de moi-même et j’étais à l’écoute. Ils n’avaient qu’à frapper à la porte ou m’appeler et je pouvais apporter des réponses ou des conseils adaptés immédiatement.
Le métier de RRH est passionnant, mais difficile car il demande de la polyvalence avec des missions variées et de la réactivité devant, parfois, des situations complexes.
Il faut être vigilant et attentif aux professionnels RH car, on en parle peu, ils sont de vraies victimes potentielles. Alors que leur cœur de métier est le bien-être des autres, qui se soucie de ces salariés ?
3. Comment mettre en garde face à la pression au travail dans notre société actuelle ?
Une chose à avoir en tête : la pression et le stress au travail sont inévitables. En revanche, il faut maîtriser ce contexte, qu’il ne s’inscrive pas dans la durée. C’est cela qui crée les conditions d’apparition des symptômes d’épuisement professionnel. Je partage mes solutions dont les 4 familles de protection pour prévenir l’épuisement et donc garantir le plaisir au travail : l’écoute active et sincère, l’observation, la nécessité de libérer la parole en créant des espaces d’expression libre et le soutien collectif. L’isolement est un facteur très aggravant dans l’exercice d’une situation professionnelle sous pression. Il faut veiller sur les salariés investis et engagés qui risquent plus qu’un autre de faire un burn-out.
4. Vous êtes désormais consultante en prévention des Risques Psychosociaux et Performance sociale. Quels conseils donneriez-vous pour éviter un burn-out ?
Les organisations de travail et les travailleurs sont différents, il faut avoir conscience que l’analyse des cas de souffrance au travail sont uniques.
Il est nécessaire de fixer des limites, de ne pas rester seul(e) en cas de difficultés (solliciter ses collègues ? Son manager ? Les RH ? Le médecin du travail ? Un psychologue ? Un coach ?), connaître les symptômes de stress et agir, maintenir l’équilibre mental avec l’environnement social et/ou une activité.
5. Quels sont vos projets d’avenir ?
Continuer à transmettre mon expertise aux DRH ou Managers qui font appel à moi. Les conférences de 2h sont appréciées, car elles sensibilisent le plus grand nombre, mais il y a aussi la pièce de théâtre tirée de mon 1er livre, destinée aux professionnels RH et aux managers. Le temps de débat à la fin est toujours passionnant et constructif pour eux. Je viens de construire un programme de coaching « Savoir-être et Management Bienveillant » en 12 séances pour les chefs et futurs chefs.
En 2018, les arrêts de travail ont coûté 108 milliards d’euros, le présentéisme est encore plus coûteux que l’absentéisme. La prévention est l’unique solution pour assurer une performance économique pérenne sans dégâts humains et bâtir des sociétés responsables et conscientes des enjeux.