FoxRH s'est intéressé à l'ouvrage "Recruteurs: 80 questions pour réussir vos entretiens" d'Hélène Ly et de Christel de Foucault. Nous avons eu le plaisir d'interviewer Hélène, afin d'en savoir un peu plus sur ce livre qui propose des questions à poser lors d'un entretien, l'explication de leur finalité et des recommandations pour améliorer sa pratique en tant que recruteur.
1. Qu’est-ce qui vous a poussé à écrire ce livre ?
Lorsque nous avons commencé à écrire ce livre avec ma co-auteure, Christel de Foucault, l’idée principale était de « réconcilier » candidats et recruteurs, de les aider à mieux se comprendre. Nous recevons chacune énormément de témoignages de candidats blessés et même maltraités en entretiens et qui ne font plus confiance aux recruteurs. Pire, qui les détestent. Pour ma part, je reçois aussi régulièrement des messages de recruteurs, notamment des débutants, qui ne savent pas quelles questions poser en entretien et pourquoi.
Nous avons donc pensé ce livre avec l’envie d’accompagner les personnes qui recrutent (que ce soit leur métier ou non) afin qu’elles préparent mieux leurs entretiens et qu’elles soient plus respectueuses des candidats. Nous proposons 80 questions dans lesquelles piocher pour construire un entretien plus efficace en expliquant la finalité de chaque question. Evidemment, il ne s’agit pas de poser 80 questions pendant l’entretien (cela n’aurait aucun sens !) mais bien de choisir celles qui sont les plus adaptées au poste à pourvoir.
Enfin, on parle beaucoup de marque employeur (il s’agit de l’image d’une entreprise auprès de ses collaborateurs et candidats potentiels) et il est évident que les recruteurs ont un rôle essentiel à jouer sur ce sujet. Apprendre à recruter pour aller dans le sens d’une marque employeur positive (et sincère !) est un peu le fil rouge de cet ouvrage.
2. Pensez-vous que les recruteurs ont besoin d'être plus formés ?
C’est une évidence ! De nombreuses entreprises témoignent de leurs difficultés à recruter, dans de nombreux domaines. Le recrutement est donc véritablement une fonction stratégique mais qui n’est pas suffisamment enseignée et valorisée. Il n’existe quasiment pas de formation dédiée au recrutement. On retrouve simplement quelques modules d’enseignement en école de commerce ou dans les formations universitaires RH. Comme si le métier de recruteur ne nécessitait pas d’apprentissage, comme si c’était « facile ». Pour bien recruter, il y a des méthodes, des outils, des techniques qu’on peut apprendre à maîtriser.
Et il ne faut pas oublier que tout le monde peut potentiellement être amené à recruter, ce n’est pas réservé aux personnes dont c’est la fonction officielle en entreprise. Il nous paraissait donc essentiel d’écrire un livre « accessible » à toutes celles et tous ceux qui reçoivent des candidats en entretien.
3. À partir de quel moment un recruteur perd le lead sur un candidat ?
Un recruteur devrait toujours considérer qu’un entretien est un échange, une discussion. Il ne devrait jamais y avoir de rapport de dominant/ dominé dans un processus de recrutement. Un candidat est avant tout un professionnel avec ses compétences, son savoir-faire et son savoir-être et dont l’entreprise a besoin pour avancer. Prendre de haut un candidat, manquer de respect et d’écoute, poser des questions intrusives, survendre un poste, mentir sur l’entreprise ou les missions…ce sont toutes ces actions qui font qu’un candidat choisit finalement d’aller signer ailleurs.
Recruteurs et candidats devraient se considérer comme « partenaires » en entretien, puisqu’ils vont vers un même objectif : trouver le bon poste/ trouver le bon collaborateur.
4. La (les) pire question à poser à un candidat ? / La (les) question à bannir des entretiens ? Pourquoi?
De manière générale, les pires questions sont les questions fermées qui ne permettent pas à un candidat de développer ses réponses. Quand un candidat peut uniquement répondre par oui ou non, l’entretien tient davantage de l’interrogatoire que de l’échange et cela n’est constructif pour personne.
Pour beaucoup de candidats, la question « quels sont vos qualités et vos défauts » est la pire. Et comme elle a été très utilisée (et l’est encore !) par de nombreux recruteurs, les réponses manquent souvent de sincérité, de spontanéité. Elle n’a donc pas grand intérêt en entretien et il y a bien d’autres moyens de parler des qualités et des défauts d’une personne.
Il y a ensuite les questions qui ne sont pas en rapport direct avec le poste. Je pense évidemment aux questions « discriminatoires » qui sont encadrées par loi française (article L1132-1 du Code du travail) et sont pourtant encore très souvent posées en entretien. Un recruteur ne devrait jamais se permettre de demander à un candidat s’il est marié, s’il a prévu d’avoir des enfants, s’il a des problèmes de santé. Cela pose clairement un problème d’éthique et de professionnalisme et c’est le meilleur moyen de mettre un candidat en difficulté. Or le but d’un entretien n’est pas de piéger le candidat mais de le guider pour qu’il puisse confirmer (ou non) qu’il a les compétences, les qualités et les motivations pour un poste précis.
5. Quel est pour vous le futur du recrutement ?
On me pose souvent cette question et je n’ai pas le pouvoir de lire dans l’avenir. L’intelligence artificielle avec les chatbot et les tous les outils numériques capables de remplacer l’homme sont très présents dans les prévisions faites au sujet du futur du recrutement. Pour ma part, je pense que nous aurons toujours besoin de l’humain pour recruter.
C’est d’ailleurs l’une des préoccupations majeures de nombreuses entreprises (et de la plupart des candidats) : replacer l’humain au cœur du recrutement.
6. Si vous aviez un seul conseil à donner à un recruteur, quel serait-il ?
Ne jamais oublier que si tout le monde peut être amené à recruter, tout le monde peut également être à un moment ou à un autre du côté candidat. Donc mon conseil serait « ne fais jamais aux autres ce que tu n’aimerais pas qu’ils te fassent ».
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